Comme nous l’avons vu brièvement dans la section consacrée à la transparence et au droit à l’information, le concept de transparence est souvent difficile à définir et à mesurer précisément ; et, tout comme il n’existe pas de définition communément admise de la « transparence », il n’y a pas non plus de consensus sur la façon de la mesurer.
Mais la transparence étant perçue comme un mécanisme de promotion de la responsabilité, l’un des principaux moyens de la mesurer consiste à évaluer la quantité d’information divulguée et/ou rendue publique (ainsi que sa portée, son accessibilité, sa qualité, sa fiabilité, sa précision et sa ponctualité). Ainsi, Global Witness, l’une des cinq ONG partenaires du projet Rendre le secteur forestier transparent, s’est par le passé appuyée, par exemple, sur la quantité, la qualité et la crédibilité de l’information pour mesurer la transparence dans le cadre de son Observation indépendante des forêts (OIF).
Pour aller encore plus loin avec ce processus de mesure, les partenaires de ce projet ont mis au point, au moyen d’un processus participatif, un bilan de la transparence servant d’outil d’évaluation.
Concrètement, un bilan est un outil d’évaluation. Bien que les bilans soient déjà employés dans d’autres secteurs, leur utilisation dans le contexte de la transparence du secteur forestier est innovante.
D’une manière générale, on distingue deux grands types de bilan : (i) les bilans de notation et de classement et (ii) les bilans descriptifs.
Les bilans de notation et de classement sont de nature quantitative. Les notes sont accordées en fonction d’un barème standard (pouvant par exemple aller d’un simple système de notation binaire – « 1 ou 0 » – à un large éventail de catégories différentes, telles que « jaune » ou « vert ».) Les notes obtenues sont généralement agrégées pour obtenir un indice unique. Toute notation impliquant une certaine forme de pondération, des classements peuvent être établis et de larges comparaisons faites d’une unité d’analyse à une autre. (Illustration : exemple de classement tiré de l’initiative Budget ouvert.)
Les bilans descriptifs sont davantage qualitatifs. Ils s’appuient sur la compilation et l’analyse d’une série de critères et d’indicateurs différents. Les bilans descriptifs permettent un niveau plus élevé d’analyse au cas par cas.
À titre d’exemple, le bilan mis au point pour le projet Rendre le secteur forestier transparent rassemble des données recueillies d’après 70 questions réparties entre 15 grands « thèmes » convenus – chacun d’entre eux constituant une mesure de la responsabilité. Les données sont recueillies chaque année dans chaque pays.
Chacun de ces thèmes généraux se décompose en plusieurs questions connexes : par exemple, une question générale pourrait être « Le processus d’attribution des permis est-il transparent ? », ce à quoi les personnes interrogées peuvent répondre par « oui » ou par « non ». Mais les réponses à une série de sous-questions plus approfondies nous aident à comprendre pourquoi ces personnes ont répondu par « oui » ou par « non » et à orienter nos éventuels travaux de plaidoyer. Par exemple, les personnes interrogées doivent répondre à des questions plus précises telles que « Des permis existent-ils pour tous les utilisateurs/services ? » et « Sait-on clairement qui décide si/quand attribuer des permis ? », etc.
Les bilans ne sont un outil d’évaluation utile que si l’on sait clairement ce que l’on souhaite évaluer et si l’information que l’on collecte est pertinente et fiable. Pendant l’étape de conception, il est donc impératif :